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En 2002, Follement cancan, écrit par Nadège Maruta, parait aux éditions du Rocher.

 

Extraits de Follement cancan
- CONTEXTE de l'extrait, dans les coulisses du Moulin Rouge avant mon entrée en scène:
"Le cancan est commencé. Je suis seule sur la ligne de départ. Vais-je franchir la frontière? J'observe le début du cancan. La vue des robes rouges qui volent, embrasant la scène de leurs flammes provocantes, le froissement des jupons qui frétillent de manière ostentatoire, les cris stridents des filles qui chauffent la salle m'aspirent irrésistiblement.Terrifiée mais brûlante, à mon tour j’entre dans le Sabbat. Ivre d’une excitation que ma jeunesse et ma fougue rendent vite communicative, je suis sous l’emprise d’une folie furieuse et joyeuse.
Comme un philtre, la musique prend possession de chaque parcelle de mon corps."

 

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- L'enterrement de la revue Frénésie : " Un matin, un autobus nous attendons devant le Moulin Rouge. Nous sommes invités à faire la fête dans les caves de Moët et Chandon à Épernay. J' ai un bouton d’herpès, je suis claquée. Dans le bus je m'assieds à côté d'une fille qui exprime sa surprise, elle était persuadée que je travaillais dans les bureaux. Elle n'avait jamais fait le rapprochement entre la jeune femme en habits de ville et la flamme vivante sur scène.
Une marche, deux marches.....n'est-ce pas dans le caveau du Moulin - Rouge, là où toutes les revues reposent, que nous descendons?
L'humidité tiède et fruitée des caves de champagne me pénètre devant toutes ces bouteilles allongées, sarcophages où dormiraient les revues du passé... Le toréador, La belle de New York, Mephisto, Tu marches, La revue du moulin, Cancan, Froufrou, Frisson, Fascination, Fantastique, Festival, Follement, Frénésie...et les revues en gestation: Femme,femme, femme. Ici, c'est le caveau et le berceau de la fête. Lieu sacré, forteresse de milliard de bulles impatientes d'exploser, de propulser au plafond le bouchon qui les emprisonne. Nous sommes les reines de la fête, les vedettes exclusives et privilégiées, les seules qui résisteront au temps, nous sommes le rituel, le symbole, les stars hollywoodiennes incontournables, nous sommes de toutes les fêtes, parce que nous sommes la fête ! "

- Ma première de La Veuve Joyeuse mise en scène par Jérôme Savary au Grand Théâtre de Genève : Je me retrouve dans les coulisses côté jardin. J'écoute la salle." Offenbach ...mon amour, pardonne-moi ...juste pour une danse avec Lehár. Tu sais que je te reviendrai toujours, que je suis à toi;"
Suspendue en grand-écart, hurlante et brûlante, je fais mon entrée triomphale. Je sors de moi, j'explose sans retenue, me jette, me lance, tourne, tourne... Les artistes sur scène derrière moi se déchaînent. Le public répond par un torrent d'applaudissements. Mon solo terminé, lorsque, mêlée aux choristes, je fais semblant de boire une coupe de champagne, celle-ci se brise au moment où je la saisis, tant la tension est extrême. Au salut, la chanteuse va chercher Jérôme Savary qui, arrivé au beau milieu du plateau, se tourne vers moi, me tire jusqu'à lui, s'agenouille et embrasse un à un chacun de mes doigts."